Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
FONDEMENTS


DIVISION


De tous les principes de moralité qu’on peut admettre en partant du concept
fondamental de l’hétéronomie


Ici, comme partout ailleurs, dans son emploi pur, la raison humaine, tant que la critique lui a manqué, a tenté toutes les fausses routes possibles, avant d’avoir le bonheur de trouver la seule vraie.

Tous les principes, qu’on peut admettre de ce point de vue, sont ou empiriques ou rationnels. Les premiers, dérivant du principe du bonheur, se fondent sur le sentiment physique ou sur le sentiment moral ; les seconds, dérivant du principe de la perfection, se fondent, ou bien sur le concept rationnel de la perfection, considérée comme effet possible, ou bien sur celui d’une perfection existant par elle-même (de la volonté de Dieu), considérée comme cause déterminante de notre volonté.

Des principes empiriques ne peuvent jamais fonder des lois morales. Car l’universalité avec laquelle ces lois s’imposent nécessairement à tous les êtres raisonnables sans distinction, et la nécessité pratique inconditionnelle, qui leur est par là même attribuée, disparaissent, dès qu’on en cherche le principe dans la constitution particulière de la nature humaine ou dans les circonstances accidentelles où elle est placée. Mais le principe du bonheur personnel est le plus mauvais. Outre qu’il est faux et que l’expérience contredit celle supposition, que le bonheur se règle toujours sur la bonne conduite ; outre qu’il ne contribue en rien à fonder la moralité, puisque tout autre chose est de rendre un