Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gala, et, sans doute, à l’école de bataillon ils manœuvrent admirablement et défilent à la perfection. Mais c’est toujours la vieille école de Souwarof qu’on leur enseigne : « La balle est une traîtresse, la baïonnette une gaillarde. » La guerre cependant ne se fait plus ainsi et le combattant d’aujourd’hui peut se passer des détails de l’exercice à la prussienne.

Mon souvenir se porte involontairement vers les réservistes de l’armée du Mikado que j’ai vu instruire sur les champs de manœuvre de Tokio. On ne leur avait pas enveloppé les jambes de cuir rigide et pesant ; ils ne portaient que des sandales de paille et des guêtres de toile. Mais aussi quelle légèreté, quelle rapidité de mouvements ! Il fallait les voir utiliser les moindres accidents de terrain, tantôt disparaissant dans les fossés, tantôt sautant les haies ; toujours attentifs au coup de sifflet de l’officier qui les groupait autour de lui ou les éparpillait au loin comme une volée de moineaux. D’une éducation militaire toute nouvelle, les Japonais n’ont pas pour les gêner de vieille routine, celle qui pèse sur les anciennes nations et retarde le développement normal de l’armement et de la tactique.

Revenons à Matsouyama. J’ai découvert parmi les sous-officiers (car il n’y a pas d’officiers dans le local où nous nous trouvons), un sergent major du 11e de