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min de fer. Plusieurs versions circulent au sujet de cette catastrophe qui rappelle celle du Kinchiou-Marou, il y a deux mois.

Les Russes se sont approchés à mille mètres des transports, à la faveur d’une violente averse, et leur ont signalé de s’arrêter. Les Japonais n’ont-ils pas vu les signaux ou ont-ils espéré pouvoir gagner le port de Tsouchima, c’est ce qu’il est impossible d’éclaircir encore. Toujours est-il qu’ils ont continué leur marche à toute vapeur et que l’ennemi a ouvert immédiatement le feu avec ses canons à tir rapide.

Les scènes qui illustrèrent le naufrage du Kinchiou-Marou se reproduisirent à bord du Hitatchi-Marou ; on brûla le drapeau du régiment sur le pont, avec accompagnement de suicides et de harakiri. Bientôt, le navire coulait ; plus heureux, le Sado-Marou, quoique torpillé deux fois à hauteur des machines, restait à flot et a pu être remorqué, le lendemain, jusqu’en vue de Chimonocéki.

Son coup fait, l’escadre de l’amiral Skrydloff a repris la direction du nord, mais comme on ne sait pas s’il s’agit d’une retraite véritable ou seulement d’une feinte, le capitaine du Manchou-Marou a refusé de s’engager sur la haute mer pour ne pas exposer aux possibilités d’une rencontre avec l’ennemi les précieuses existences qui lui ont été confiées.