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on comprime un bloc de métal en fusion d’où sortira la jaquette d’un canon de vingt centimètres. Qui donc a dit que les Japonais ne s’entendaient qu’à la manufacture d’objets délicats et minuscules, qu’ils ne pourraient jamais travailler autre chose que le bois, la laque et l’ivoire ? En voyant les petits hommes jaunes faire mouvoir sous nos yeux leurs formidables engins, je ne puis m’empêcher de sourire de la variété des diminutifs consacrés à la description de leur pays.

L’aciérie, où des blocs de vingt-cinq tonnes sont coulés d’une seule pièce, termine notre promenade. Déjà fatigués par leur longue marche, les visiteurs supportent difficilement la chaleur intense que les fours dégagent par leurs portes ouvertes. Ils s’épongent le front en soufflant. Le marquis Kouroda, toujours serré dans son immuable redingote, transpire abondamment ; un ingénieur anglais cesse d’étaler sa science, dont il nous rebattait les oreilles depuis le matin ; le gros correspondant allemand réclame de la bière. Tous sont contents de sortir de la fournaise et de monter sur les chaloupes qui nous ramènent à bord.

Notre visite nous a appris que les Japonais peuvent fabriquer eux-mêmes pièces et projectiles d’un calibre inférieur ou égal à vingt centimètres. Au-dessus, ils doivent encore s’adresser à l’industrie