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Nikko, 28 mai.

Je me suis lassé des exigences de l’état-major, et, malgré ses avis, j’ai quille Tokio pour me détendre les nerfs dans le calme des sanctuaires et des forêts de Nikko. Oubliant mes misères, j’y menais une vie douce et paisible, bercé par le murmure des cascades de la montagne. Je passais mes journées à visiter les tombeaux des Chôgouns Tokougaoua el à me promener dans les temples chintoïstes et bouddhistes qui, malgré la différence de culte, voisinent pacifiquement et se partagent sans jalousie les offrandes des touristes.

J’attendais dans cette atmosphère mystique la grande procession du 3 juin, loin des événements du monde contemporain. Le bonheur, hélas ! ne dure pas ici-bas. Tout au bout de l’allée de cryptomérias géants qui fait suite au village, il y a une cabane en planches ; devant celle cabane, un train s’arrête chaque jour, et chaque jour il apporte les journaux de la capitale. J’ai commis l’imprudence aujourd’hui d’ouvrir une de ces feuilles et j’ai lu en caractères gras les mots suivants :

« Officiel. Après un combat terrible, la deuxième année a chassé les Russes des positions de Nanchan.