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en comprimant une artère jusqu’à ce que le vaincu demande grâce.

Après avoir fait exécuter devant moi tous les coups réglementaires, on me demanda si je ne voulais pas essayer mes forces. J’acceptai et on me « matcha » avec un Nippon minuscule qui pouvait à peine lever les bras jusqu’à mes épaules. Confiant dans ma taille d’un mètre quatre-vingt-huit et mon poids de cent dix kilogrammes, j’empoignai mon antagoniste et comptai n’en faire qu’une bouchée en le soulevant de terre pour le retourner ensuite à ma convenance. J’en étais là de mes réflexions lorsque je me trouvai brusquement lancé en avant, la tête la première, et mesurai, sans savoir comment, la dimension des nattes. Le petit Nippon s’était sans cérémonie assis sur le corps de sa victime !

Cette démonstration pratique acheva de m’édifier sur les mérites du jiou-jitsou et je demandai à visiter la salle d’armes.

Autant j’avais admiré l’adresse et la finesse des lutteurs, autant l’escrime japonaise me parut gauche et brutale. Caparaçonnés comme des étudiants allemands à la « mensur », les combattants tiennent leur grand sabre de bambou des deux mains et tapent comme des sourds sur leurs adversaires. Ils ne déploient que de la force et ne font ni feintes, ni parades ; pour remédier à leur manque d’habileté,