Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tentures dont le mauvais goût trahit l’origine californienne ; pas de meubles, mais, sur une cheminée, deux jolis vases en cloisonné servent de cache-pois à des érables nains dont les feuilles commencent à rougir.

Les rares Japonais qui parlent anglais et français s’emploient à rompre la glace entre les deux sociétés, mais le succès de leurs efforts reste médiocre. Pendant une éclaircie, on nous conduit au jardin dont une musique militaire fait bruyamment retentir les échos. Ce jardin est encore plus mesquin que le palais lui-même. Il est de dimensions restreintes et dessiné à la mode japonaise. Les sentiers étroits et sinueux se faufilent entre de gros rochers et de petits arbustes, fort jolis sans doute à examiner de près, mais qui, seraient mieux à leur place sur une étagère qu’en pleine terre. On n’a planté ici aucun des merveilleux arbres fruitiers qui sont maintenant en pleine floraison et recouvrent le Japon d’un duvet rose et blanc. Le paysage est limité par une gigantesque usine à gaz, concession peut-être excessive faite aux tendances démocratiques de la population de Tokio.

Nous nous étions réfugiés à l’angle le plus éloigné du parc pour échapper à la cacophonie de l’orchestre. On nous rappelle pour la collation servie dans une aile du bâtiment principal. Le Mikado paraît vouloir