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à bord de chalands amarrés l’un à l’autre, et couverts de tentes.

L’engouement pour les garden-parties n’est pas unique en son genre. Dans son excellent ouvrage intitulé Choses du Japon, M. Chamberlain a établi la chronologie de ces accès de frénésie inexpliqués, dont le seul précédent historique est la folie des tulipes aux Pays-Bas pendant le xviie siècle.

1873 fut l’année des lapins. Il n’existait pas de ces petits rongeurs au Japon. Aussi, lorsqu’ils furent importés comme curiosité, on en offrit des prix incroyables ; mille yens ont été payés à plusieurs reprises pour un seul spécimen ; on vit journellement des spéculations sur les lapins se montant à quatre et cinq cents yens.

L’année suivante, 1874, le Gouvernement établit un impôt de capitation sur les lapins ; les prix tombèrent rapidement, et les malheureux spéculateurs en lapins se virent ruinés d’un jour à l’autre.

1874 et 1875 furent les années des combats de coqs. En 1882-1883, l’impression de dictionnaires et d’autres ouvrages par souscription fut à l’ordre du jour. Beaucoup de ces entreprises littéraires prirent un caractère frauduleux et donnèrent de l’ouvrage aux cours de justice. En 1883, on fonda également un nombre incalculable de Sociétés savantes. Puis vinrent les sports athlétiques en 1884 et 1885. En