de ne plus rien envoyer en Europe que par la malle française et de porter moi-même ma correspondance à bord.
Chaque fois qu’une délégation de correspondants de guerre est venue réclamer au quartier général des renseignements sur notre hypothétique départ, l’officier de service a dit :
— Bientôt, je regrette.
Puis il dédommageait les visiteurs d’un sourire. Devant la mauvaise humeur croissante des quémandeurs, on a jugé que le sourire n’était plus suffisant et on l’a accompagné d’une tasse de thé vert et de cigarettes. Ce moyen de conciliation a rapidement épuisé son effet, et l’état-major a invité à plusieurs reprises un certain nombre de mes collègues à des déjeuners japonais dans la maison-de-thé la plus renommée de Tokio. Je n’ai jamais été convié à ces agapes, car on ne me considère pas encore, malgré mon permis, comme un véritable correspondant de guerre. Dans l’esprit japonais, pour jouir des prérogatives attachées à cette qualification, il faut deux conditions dont je ne remplis aucune : la première est d’être anglo-saxon, la seconde consiste à habiter l’Imperial Hotel.