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de vue avaient été prises : une foule d’émissaires japonais déguisés et munis d’explosifs devaient faire sauter dès les premiers coups de fusil, les ouvrages d’art les plus importants. Ce dernier projet a été déjoué par la surveillance attentive des gardes du chemin de fer qui ont réussi à s’emparer de ces espions avant qu’ils aient pu endommager la ligne.

Quant aux effectifs, les Russes avaient trompé tout le monde sur leur importance. En réalité, il n’y avait que fort peu de troupes en Mandchourie quand la guerre vint les surprendre. Mais le plan de campagne japonais étant fondé sur une autre estimation, l’état-major nippon n’a pas su profiter d’un avantage qu’il n’escomptait pas et, se tenant à son projet primitif, a perdu une occasion d’anéantir les troupes de couverture de l’ennemi qu’il ne retrouvera pas à l’avenir.

Il est probable que, si Kouroki avait débarqué en février à Pilséouo comme le lit plus tard la deuxième armée, Port-Arthur dont les fortifications étaient inachevées et la garnison insuffisante eût été forcée de se rendre sans opposer une sérieuse résistance.

De même, après la bataille du Yalou, il ne restait plus en face des soixante mille hommes de la première armée que sept mille Russes battus et dispersés. Le général Kouroki pouvait atteindre Moukden quinze jours plus tard sans coup férir. Il reçut l’ordre