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L’armée japonaise est formée par la conscription. Dans ces conditions, le soldat vaut ce que vaut la population dont il sort. J’ai montré dans la première partie de ce récit les rares qualités de patriotisme, d’abnégation et de discipline du peuple japonais. Habilement exploité par le maître d’école chez les enfants, développé encore par les succès de ces dernières années, le chauvinisme orgueilleux des Nippons s’est exalté outre mesure.

Ajoutons à ces vertus morales des dons physiques indiscutables : la vigueur, l’insensibilité à la souffrance, la résistance aux fatigues, enfin le mépris de la mort, commun à toute la race jaune. Ce sont là des éléments excellents.

Le contingent annuel, très restreint, à cause des nécessités budgétaires, ne comprend qu’un dixièmes des conscrits reconnus bons pour le service, et permet une sélection inconnue dans les armées occidentales en général et dans la nôtre en particulier.

Telles sont les conditions premières qui permettent de faire de la recrue japonaise un soldat de premier ordre. L’homme passe trois ans à la caserne ; il est intelligent et facile à instruire, surtout dans la partie sud de l’empire où, par contre, il est moins robuste que le montagnard de la région septentrionale. L’instruction est analogue à celle des armées les plus modernes. Quant à l’éducation morale dont on fait tant