Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une première fois, en rade de Tchémoulpo, il sauta d’une chaloupe sur l’échelle du transport, glissa et tomba à la mer. Le courant très rapide l’entraînait, lorsqu’un autre passager lui saisit le bras et réussit à le hisser à bord.

Enfin, ces jours derniers, le boy du général avait placé sur son chariot un obus encore chargé qu’il voulait rapporter dans son pays comme souvenir de la guerre. Au premier cahot de la route, le projectile fit explosion, tuant l’auteur de l’imprudence, les deux charretiers chinois, les mules composant l’attelage, et réduisant en poussière tous les bagages. Cinq minutes plus tôt, le général eut été lui-même victime de l’accident.


Liaoyang, 9 septembre.

Nous ne sommes plus ici que sept correspondants du groupe de la deuxième armée. Ceux d’entre nous qui sont liés par des traités avec leurs journaux les engageant jusqu’à la fin de la guerre restent seuls à Liaoyang. Tous les autres sont partis pour l’Europe. Ils n’ont rien vu de la bataille, mais ce n’est pas leur seul grief. On a cru bon de conserver pendant quatre jours les télégrammes qu’ils avaient remis à la censure. De cette manière leurs dépêches vieillies ont dû