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Russes d’abord, et les Japonais ensuite. Il me donne quelques renseignements.

Sa fureur d’être ruiné certainement à l’impartialité de ses déclarations, dont je lui laisse toute la responsabilité.

— Le dernier jour, raconte-t-il, quatre batteries russes se trouvaient dans la ville et n’en sont pas sorties. Dans la matinée, les officiers sont partis pour aller je ne sais où. Les soldats restés sans leurs chefs se sont tenus tranquilles pendant deux heures, puis ont couru au pillage. Tout le monde s’en est un peu mêlé, mais c’est le 10e régiment de fusiliers sibériens qui a fait le plus de mal. Les hommes connaissaient la ville mieux que personne, puisqu’ils y tenaient garnison en temps de paix. Sous prétexte de ne rien laisser aux Japonais, ils sont entrés dans les magasins pendant la nuit, ont bu le Champagne et cassé tout le reste. Pendant l’interrègne qui a suivi la retraite des Russes, les Chinois ont fait main basse sur les débris. J’avais donné cinquante roubles à un agent de la police indigène pour protéger ma porte : c’est lui-même qui a montré le chemin aux pillards.

Je demandai au commerçant combien de Chinois avaient péri ; il me répondit qu’il y avait deux mille tués et blessés environ.

— Pourquoi sont-ils restés ? ajoutai-je.