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avaient décoré les linteaux de pavillons japonais et de feuilles rouges barbouillées de caractères exprimant leur allégresse… On compta plus tard que deux cents avaient été tués et huit cents blessés, le 2 et le 3 septembre.

Pendant tout l’après-midi, la 5e et la 3e division traversèrent la ville pour franchir le Taïtsého et se porter à la hauteur de la première armée face à Yentaï. Les malheureux soldats, qui venaient de combattre pendant cinq jours et cinq nuits sans interruption, marchaient comme un troupeau, les yeux hagards, à l’allure trop rapide des troupes fourbues. À chaque halte on en voyait se coucher à terre et bientôt ronfler sous le soleil brûlant, sans même enlever leur sac. Les officiers ne cachaient pas leur désappointement. C’était bien la peine d’avoir sacrifié tant d’hommes pour si peu de résultats ; pas un canon, quinze prisonniers constituaient toutes les dépouilles. Il était loin le Sedan promis par le jeune sous-lieutenant trois jours plus tôt ! En somme, on avait simplement repoussé les Russes de quelques kilomètres et de ce train-là on n’arriverait pas vite à Kharbine.

En passant par la ville russe, je rencontrai toute notre colonne groupée autour de la villa du directeur local du Transsibérien ; elle était située en face de la maison qu’avait habitée Kouropatkine et où s’ins-