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trèrent plutôt froids et le général Okou me fit demander un rapport justifiant ma conduite.

Cet accueil ne m’empêcha pas, malgré l’interdiction formelle de l’état-major, de repartir le lendemain pour Liaoyang. Les derniers ouvrages et la ville elle-même avaient été abandonnés par les Russes après le coucher du soleil ; l’arrière-garde s’était retirée à une heure quarante et les Japonais passèrent la grande brèche du sud moins d’une heure plus tard. Le général Kouropatkine s’était tenu sur la muraille d’enceinte jusqu’à une heure dix et avait pris le dernier train pour Yentaï.

Ma première visite fut pour les ouvrages extérieurs, qui entouraient la ville à douze cents mètres en moyenne des murs chinois. Ils se composaient d’une série de onze redoutes reliées par des tranchées et des épaulements pour l’artillerie. Cette ligne défensive, beaucoup moins forte naturellement que celle de Chiouchanpou, avait été bien mieux organisée et, ne présentant pas de points faibles, avait résisté beaucoup plus efficacement aux assauts de l’infanterie nipponne.

J’arrivai à la grande redoute, située à l’est du chemin de fer, au moment où un lieutenant et vingt-deux soldats japonais y entraient par la gorge. L’officier m’expliqua que c’était tout ce qui restait d’une compagnie forte de deux cents hommes qu’on avait en-