Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’effet moral produit a été considérable pour l’ennemi et pour nos propres troupes. Soyez persuadé que les nerfs des défenseurs, forcés de se terrer derrière des parapets à chacune de nos salves, ont été fortement secoués après un jour et demi de cet exercice, et qu’au moment de l’assaut la précision de leur tir s’en est ressentie. Voyez la batterie qui tire devant vous ; elle vise les redoutes russes à trois mille cinq cents mètres, et elle n’est composée que de pièces de montagne. Je suis sûr, à cette distance, de ne pas tuer grand monde, mais je ne doute pas du plaisir qu’éprouvent nos fantassins, à deux kilomètres en avant de nous, en entendant nos obus siffler par-dessus leur tête. Voulez-vous accompagner l’adjudant-major ? ajouta mon hôte ; il va reconnaître un emplacement plus favorable en avant.

J’acceptai avec reconnaissance, et un moment après nous chevauchions côte à côte : après un kilomètre de trot sur la route qui mène tout droit à Liaoyang, il fallut mettre pied à terre et confier nos montures au cavalier qui nous escortait. Le sifflement des balles indiquait que nous approchions de la ligne de feu. Heureusement le terrain était très coupé et sillonné de murs et de levées de terre ; le cheminement vers l’infanterie était facile ; bientôt nous atteignions les tirailleurs sans encombre. Les fantassins, couchés à l’abri d’un talus, entretenaient contre les