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cutants n’a pas éclaté. Les Japonais paraissent avoir prévu ce résultat, car nous voyons partout des équipes de fantassins recherchant l’emplacement des obus encore intacts. Ces hommes fichent en terre des baguettes surmontées d’un avis en caractères chinois, prescrivant de ne pas toucher aux projectiles avant l’arrivée des artificiers. Si les obus fusants ne valent pas mieux, la prudence des artilleurs est très compréhensible. On affirme qu’ils ont souvent tué des fantassins japonais aux premiers combats de la guerre, notamment sur le Yalou et à Télissé.

L’artillerie russe, de son côté, fut dans l’impossibilité, à cause de l’angle de site trop considérable, de battre le glacis sur lequel s’avançait l’infanterie ennemie. Son rôle se borna pendant l’attaque à tirer quelques dernières salves contre les batteries ennemies qui ne répondirent pas. Toutes les pièces russes furent sauvées.

Pour l’infanterie, la formation — ou plutôt l’absence de formation — adoptée pendant l’attaque par les Japonais eut pour premier effet d’interdire complètement aux assaillants l’emploi du feu : les groupes de fantassins, nous l’avons vu, chevauchant les uns sur les autres s’interposaient entre leurs camarades et les Russes. En tirant, on eût risqué de faire plus de mal à ses propres troupes qu’à l’ennemi. D’ailleurs, les Russes, cachés derrière le parapet de