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je l’accompagne à travers la cour d’honneur et monte à sa suite l’escalier donnant accès au sanctuaire. Là, prosterné au pied d’un colossal bouddha, environné par la fumée d’encens, je reconnais mon collègue, Grant Wallace, représentant de l’Evening Bulletin de San-Francisco.

Le premier moment de stupeur passé, nous quittons le lieu saint et, cinq minutes plus tard, chacun racontait son odyssée devant une tasse de thé. Autour de nous sont rangés en cercle les vénérables ecclésiastiques qu’une offrande de quelques dollars a transformés en amis dévoués des diables étrangers.

Après mon équipée, tous mes camarades, paraît-il, étaient revenus auprès de nos surveillants. Lui seul, imitant mon exemple, s’était caché dans le gaolian et avait ainsi pu reconquérir sa liberté. Un excellent souper chinois termine mieux qu’elle n’a commencé cette première journée de bataille, et peu après nous dormons profondément sous le toit hospitalier, protégés par l’ombre sacrée de Confucius.

Avant l’aube, le bruit du canon nous met sur pied ; une tasse de bouillon, une dernière poignée de main à nos hôtes, et en route. Laissant l’armée d’Okou sur notre gauche, nous tournons nos chevaux vers la droite de la 5e division.

Ce nouvel itinéraire nous mène derrière la montagne couronnée par les canons de Nodzou. Cette ar-