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terrée dans ses tranchées de la plaine sans bouger. La 5e division, au contraire, profitant des abris naturels et de l’avantage obtenu grâce à l’occupation du piton G, a tenté dans la matinée de continuer le mouvement, afin de déborder complètement le flanc gauche de l’ennemi. Un régiment, laissé en arrière pendant la nuit, passa le défilé de Loutaoutchouan sur notre droite, et, obliquant franchement vers l’est, prolongea la gauche de la première ligne. De là, il avait pour mission de déboucher au nord du sommet G, et de prendre à revers les positions E, F. Arrêté de front par le feu de F, et d’écharpe par les balles et les obus de la position flanquante L-M, il ne parvint pas à se déployer et battit en retraite après avoir éprouvé des pertes considérables.

Vers quatre heures du soir, les régiments de la 9e brigade (5e division) qui se trouvaient massés à mes pieds dans le vallon séparant O et H reçurent à leur tour l’ordre d’attaquer de front le piton E. La tâche était impossible, car avant de se déployer, il fallait d’abord traverser à huit cents mètres de l’ennemi un couloir étroit et sans abri.

Je descends de la colline et me trouve à côté de la première compagnie au moment où elle quitte son couvert. À peine s’est-elle montrée que la fusillade éclate ; les balles sifflent avec une rapidité terrible, deux sections sont fauchées, les deux suivantes