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Pendant la nuit précédente, les lignes japonaises avaient franchi le Tchaho. L’avant-garde de la 5e division s’engageait dans le défilé de Loutaoutchouan, dont la pente s’élève graduellement vers les pilons E, F, G. Toute la division occupa le défilé, et son artillerie de montagne se mit en position : trois batteries sur le point H et trois autres sur le sommet I, qui dominait d’une vingtaine de mètres la gauche de la ligne russe. Toutes les pièces étaient défilées en arrière des crêtes ; comme l’artillerie adverse, elles étaient dans l’impossibilité d’exécuter aucun tir direct. Avant le lever du jour, le premier bataillon du 41e d’infanterie, appuyé par le reste du régiment, se porta contre le piton G, extrême-gauche de la position russe, et l’enleva à la baïonnette après un sanglant combat.

La 3e division avait de son côté commencé sa marche d’approche pendant la nuit. Un pareil mouvement, toujours difficile, l’était particulièrement sur le terrain très spécial qu’il fallait parcourir dans l’obscurité. Les fantassins avançaient dans leur formation de combat, c’est-à-dire sur plusieurs lignes déployées, échelonnées en profondeur ; la direction était à gauche, les lignes successives devant rester perpendiculaires à la voie ferrée et conserver rigoureusement leur alignement. Le fouillis inextricable du gaolian constituait un obstacle très sérieux. Aussi,