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ligne continue, ils n’en conservaient pas moins les mêmes intervalles, en laissant le surplus des combattants au repos, en arrière de la ligne de bataille. Ils avaient, en effet, constaté dès les premiers engagements que la rapidité de tir du fusil à chargeur permettait de diminuer considérablement le nombre des tireurs, sans affaiblir sensiblement la valeur de la résistance. De plus, pendant toute la période du combat, où le feu n’était pas employé pour la défense, les hommes espacés pouvaient se coucher au fond de la tranchée, où ils jouissaient d’une immunité complète : à la bataille de Colenso, le 15 décembre 1899, l’artillerie anglaise prépara l’attaque de l’infanterie, en bombardant les retranchements, depuis quatre heures jusqu’à sept heures du matin, avec plus de cinquante pièces ; pendant cette canonnade, les Boers perdirent deux hommes tués et un blessé.

Les Russes ignorent cette première loi de la défensive ; ils en ont méconnu une autre en ne dégageant pas suffisamment leur champ de tir. Sur tout le front de leur droite et de leur centre, un glacis descend jusqu’au lit du torrent situé à huit cents mètres des tranchées ; au delà, le terrain est absolument plat. Sur ce glacis, les cultures offrent d’excellents abris aux vues ; elles sont réparties uniformément sur toute la pente, mais consistent en deux espèces