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a préservé les abatis et les trous de loup. Enfin, les ouvrages réguliers s’arrêtent à la rouie qui sépare les hauteurs C et K ; de mauvaises tranchées, creusées par l’infanterie, garnissent seules les pitons E, F, G, c’est-à-dire le point le plus compromis où l’on aurait dû, au contraire, multiplier les couverts pour les défenseurs et les obstacles contre les assaillants.

Les troupes chargées de la défense se composaient de bataillons sibériens, dont il m’a été impossible de déterminer le nombre, mais d’un effectif suffisant pour que, dans les tranchées, l’on pût placer les hommes au coude à coude, ainsi qu’en faisaient foi les piles de boîtes de cartouches que, le lendemain de la bataille, on trouva sur le parapet, espacées de quatre-vingts centimètres l’une de l’autre. C’était là une faute de plus : les officiers russes, en entassant leurs soldats à ce point, avaient méconnu l’enseignement capital, peut-être le seul enseignement certain, qu’on a pu tirer de la campagne sud-africaine. Si la défense des Burgers a donné des résultats si surprenants, c’est grâce à ce principe capital, dont ils ne se sont jamais départis, de placer les tireurs aussi loin que possible les uns des autres. Cette disposition ne leur fut pas dictée seulement, comme on pourrait le croire, par la pénurie d’hommes et le large front à occuper : là où ils avaient des défenseurs en nombre suffisant pour former une