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près de l’ennemi, où je reste toute la journée avec une compagnie japonaise sous une fusillade intermittente. De là, la position entière apparaît nettement. Voici la description de ces lignes dites de Chiouchanpou que j’ai visitées deux jours plus tard dans tous leurs détails.

Orientées du nord-ouest au sud-est, elles s’étendent sur un front de quatre kilomètres et se décomposent ainsi qu’il suit de la droite à la gauche russe. Immédiatement à l’est du chemin de fer se dresse le mont Chiouchan, roc isolé, dominant de deux cents mètres environ les plaines qui l’entourent. De toute part, ce massif se dresse abrupt et, dans la direction du sud et de l’ouest, il présente des escarpements verticaux, inaccessibles aux meilleurs grimpeurs ; un sentier à lacets, qui dégringole sur la face orientale, met le haut de la montagne en communication avec le village de Chiouchanpou. Au sommet, s’élève une des nombreuses tours de guet qu’on trouve éparpillées sur tous les points culminants du pays et qui datent des jours lointains où cette Mandchourie du sud redoutait les invasions coréennes et chinoises. On peut voir sur notre plan que ce bloc inattaquable se trouve légèrement en retrait par rapport à la ligne principale de collines qu’a utilisée la défense : le mont Chiouchan est là comme un donjon isolé.

Cette ligne elle-même se compose d’une première