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flanc, ont abandonné dans la nuit sans coup férir. La route et la voie ferrée franchissent cette ligne montagneuse par un défilé étroit que creuse une rivière presque à sec. La gare se trouve un peu au delà ; on aperçoit par la trouée le réservoir qui la domine. Nous sommes arrêtés à côté du chemin pendant que les colonnes de ravitaillement se succèdent à une allure lente, mais avec un ordre parlait.

Après deux heures d’inaction énervante, nous nous remettons en marche, et passons le défilé et les deux boucles de la rivière. Nouvel arrêt. Devant nous s’étend une plaine bornée à six kilomètres au nord par une rangée de collines. C’est au delà que le combat se continue maintenant. Quelques batteries japonaises tirent par-dessus la crête ; l’ennemi leur répond faiblement. En vain, nous supplions nos geôliers de nous faire avancer ; ils prétextent les ordres reçus et nous déclarent que nous ne ferons plus un pas de la journée.

De loin nous voyons une ligne d’infanterie gravir la montée, atteindre le faîte, puis disparaître sur le versant opposé pour se mêler à la bataille. Un dernier régiment, placé en réserve sur la berge à côté de nous, rompt les faisceaux, défile à nos pieds, traverse la plaine et s’évanouit à son tour à l’horizon. Enfin, la file des convois nous dépasse encore une fois, ironiquement.

L’ordre de bataille adopté par l’état-major japonais