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18 mars.

Ce matin, un petit facteur tout souriant m’a remis une lettre de Tokio. J’y ai trouvé un carré de papier couvert de caractères chinois et de cachets administratifs : c’est le fameux permis que j’enfouis immédiatement dans mon portefeuille et qui désormais ne me quittera plus. Dans une lettre jointe au document officiel, on m’annonce que je n’ai plus qu’à attendre l’ordre d’embarquement, et on me conseille, pour certains détails, d’aller prendre des renseignements à l’Impérial Hotel à Tokio. Je m’y rends le jour même et n’ai pas à me repentir de ma visite, car c’est là le seul endroit du Japon qui rappelle à la réalité et où l’on entende parler de la guerre.

L’Impérial Hotel est, en effet, le domicile actuel des représentants de la race à la destruction de laquelle M. d’Estournelles de Constant consacre ses efforts : j’ai nommé les correspondants de guerre. Une soixantaine de journalistes anglais et américains se sont abattus sur le caravansérail, campent à trois ou quatre dans les chambres et attendent, en buvant des cocktails, le moment de partir pour le « front ». Vêtus de khaki, les jambes enroulées