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précautions prises à ce sujet par le général en chef qui avait fait supprimer tous les numéros sur les collets des tuniques. Le major ne s’en émut pas autrement et répondit :

— À la 3e. Je commande le premier bataillon du 34e régiment en garnison à Chidzouoka ; c’est une fort jolie ville de la province de Nagoya, dont je serai très heureux de vous faire les honneurs quand nous rentrerons au Japon. En attendant, priez vos collègues de nous suivre à mon cantonnement. Je n’ai pas grand’chose à leur offrir, mais nous serons mieux pour causer dans ma fandza que sous ce maudit soleil.

Ainsi fut fait. Pendant que je marchais à côté de lui, le major me donna d’autres renseignements sur la composition de l’armée et l’emplacement des troupes. J’étais abasourdi. Je crus devoir faire part au major de mes scrupules, mais il se mit à rire et ajouta fort judicieusement qu’au moment où je pourrais communiquer librement avec l’Europe l’armée aurait quitté depuis longtemps ses cantonnements actuels.

Notre troupe envahit la petite maison. Le bon commandant mobilisa ses troupiers pour faire du thé et chercher de l’eau potable. Il répartit entre nous toute sa provision de bière achetée à Haïtcheng, et après avoir longtemps fouillé dans ses bagages, il en