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dit de nous écarter de nos surveillants, qu’il fallait conserver la formation prescrite. Nous sortîmes de la ville deux par deux comme les collégiens de Stanislas qui se promènent le mercredi au bois de Boulogne. À cinq cents mètres des murs, première halte au pied d’une petite colline que les Russes avaient fortifiée jadis.

Du sommet de la hauteur, un officier d’état-major nous montra dans quelle direction Se trouvait l’armée russe, puis nous rappela une fois de plus les détails de l’occupation de Haïtcheng en 1895.

Il nous conduisit ensuite à quatre cents mètres plus loin sur la soi-disant ligne des sentinelles. Nous nous trouvions alors à moins d’un kilomètre de la ville.

Cette première constatation éveilla mes soupçons sur l’authenticité de ce qu’on nous montrait ; la vue des factionnaires eux-mêmes les confirma. Jamais je n’ai vu de plus jolis avant-postes. La sentinelle se tenait raide comme un piquet, bien en vue ; à deux mètres en avant d’elle, on avait creusé une tranchée revêtue fort proprement de gaolian avec des arêtes nettes et un parapet tracé comme une figure géométrique. Derrière l’homme, se dressait un abri en sorgho qui le protégeait du soleil. À cinquante pas en arrière, le petit poste se reposait sous une tente près d’un râtelier d’armes improvisé où les fusils étaient rangés avec une symétrie parfaite. Tout cela