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traverser, il a fallu semer le grand rectangle de grosses pierres et sauter de l’une à l’autre. Au dehors, les rues sont converties en bourbiers et les passants rasent les murs en s’accrochant aux portes et aux fenêtres.

La campagne a dû être plus maltraitée encore et les routes sont certainement impraticables à l’artillerie et aux convois. Il faudra quelques bonnes journées de soleil pour permettre à l’armée de se mettre en marche. Notre incarcération à Haïtcheng se trouve prolongée encore.

Sans doute pour égayer notre prison, on nous a envoyé successivement deux commandants d’état-major chargés de nous faire des conférences sur les batailles passées. Cette manière théorique et rétrospective de nous montrer la guerre ne manque pas d’ironie. Serrés à étouffer dans la moins petite de nos chambres, nous entourons le professeur d’histoire et notre ami Okabé qui traduit ses paroles.

Ces deux messieurs se moquent consciencieusement de leur auditoire qu’ils traitent comme une classe d’école primaire. J’emprunte au cours du major Ichisaka la description d’un des combats : « La bataille commença de bonne heure ; l’ennemi occupait de fortes positions d’où il tirait sur nous. Le feu était terrible. Nos braves soldats avançaient toujours malgré la canonnade épouvantable ;