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elles eu pour effet de m’éclairer définitivement sur les sentiments du sieur Okabé, notre guide numéro deux. Ses traits exprimaient à ce moment une béatitude sans mélange.

Après un court échange d’opinions, Melton Prior, le plus ancien d’entre nous, est chargé de répondre pour la collectivité : « Vous remercierez le général Okou de ses souhaits de bienvenue, dit-il à l’interprète, et l’assurerez de notre désir d’obéir à tout ce qu’on nous commandera. J’ajoute pourtant qu’au cours des vingt-cinq campagnes que j’ai suivies avant celle-ci, jamais on ne m’a laissé aussi peu d’indépendance. »

La traduction de ces quelques mots ne paraît pas impressionner l’état-major outre mesure. On nous passe les cigarettes ; Européens et Japonais se regardent avec une hostilité naissante qui m’a rappelé les plus beaux jours du Manchou-Marou. Le général met fin à cette pénible situation en se retirant dans son bureau.


19 août.

Le déluge a recommencé. Il nous a tenus pendant deux jours enfermés dans nos quartiers. La cour même de l’auberge n’est qu’un tas de boue ; pour la