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de l’armée japonaise. Elle contribue au fonctionnement de cette immense machine dont les rouages marchent toujours bien sans retards ni à-coups. La vieille devise du cercle naval de Kouré me revient à la mémoire : « C’est par l’organisation qu’on triomphe. »

Derrière Okou, paraît son chef d’état-major, le général de brigade Otchiaï, gros homme rébarbatif et bougon, barbu comme un Aïno, hirsute, mal habillé, mal chaussé. À ses côtés, frappant contraste, marche un des aides de camp, le capitaine prince Nachimoto, ancien Saint-Cyrien, sanglé dans une tunique jaune canari ; ses bottes reluisent comme sur les affiches des réclames du cirage Nubian.

Après les présentations, le général Okou prend la parole en japonais ; son discours est traduit au fur et à mesure en anglais par un interprète. L’allocution ne sort pas des banalités d’usage, plaisir de nous recevoir, regrets de ne pouvoir nous mieux traiter et ainsi de suite. À peine le général a-t-il terminé que le chef d’état-major l’écarté d’un geste presque brutal, et, en quelques mots d’une netteté incisive, nous déclare qu’avant toute chose, il faut nous conformer strictement aux ordres donnés et que la moindre incartade sera punie de l’exclusion immédiate. Aucune formule de politesse n’est venue atténuer ces menaces inattendues ; du moins auront--