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sont rangés quelques paquets de cigarettes et une boîte de cigares de Manille à dix sens. Cette réception, assez maigre, paraît indiquer que notre hôte, malgré son grade élevé, ne s’encombre pas d’un luxe inutile.

Mais voici l’instant solennel ; le général Okou paraît sur le seuil. C’est un homme de cinquante et quelques années, plus grand que la moyenne des Japonais. La physionomie est loin d’être vive ou intelligente et le regard exprime l’entêtement plutôt que la volonté. Ce qui m’a le plus impressionné chez le chef japonais, je l’avoue, c’est son uniforme dont l’austère simplicité est tout un symbole. Un képi de soldat, une tunique, une culotte et des bottes identiques à celles des simples cavaliers, et c’est tout.

Aucun ornement, aucune chamarrure, pas même une épaulette ou une décoration ; le grade n’est indiqué que par trois étoiles de métal et trois galons minces de laine blanche sur l’avant-bras. Cette tenue montre bien de la part des chefs la volonté de se distinguer le moins possible de leurs hommes. Ils s’habillent comme eux, couchent comme eux dans la première ferme venue et se nourrissent d’un bol de riz arrosé de thé vert. Ce n’est peut-être pas là une des moindres raisons de l’homogénéité parfaite qui forme la principale vertu militaire