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tissement croise vivement la baïonnette dont la pointe vient me chatouiller la poitrine. Ce geste un peu vif m’enlève toute velléité de poursuivre au dehors mes études de fortification. J’escalade donc le mur du côté du chemin de ronde, les rampes d’accès sont partout en ruine. Toute la muraille souffre d’un abandon ancien. Elle est constituée par un rempart de terre revêtu en pierre à l’extérieur, sa hauteur est de six mètres environ, la largeur du sommet en mesure deux ; un parapet crénelé également en pierre n’assure aux défenseurs qu’un couvert illusoire. Le fossé est en grande partie comblé.

La valeur défensive d’un pareil ouvrage est à peu près nulle en présence de l’armement actuel ; elle se trouve encore diminuée si possible par la présence de maisons construites au pied même de la muraille et facilitant l’approche. La fortune rapide de Haïtcheng, due à la construction du chemin de fer, a fait sortir de terre ces dangereux faubourgs. Les portes sont surmontées de tours de guet.

En rentrant à mon auberge par un fouillis de ruelles sordides je n’ai pas été médiocrement surpris d’apercevoir sur une des fandza les plus misérables un drapeau français. Un Chinois en ouvrit la porte, courut à ma rencontre et m’invita par des signes pressants à le suivre. Je trouvai dans une