Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faveur de la discipline des envahisseurs et prouve que les clients paient comptant tous leurs achats.

L’armée japonaise a créé, pour solder les nombreuses réquisitions de coolies, des bons de guerre échangeables en principe à vue contre du papier monnaie japonais. Mais les stations de change n’existant qu’au Japon et dans les ports, Nioutchouang et Dalny, il est impossible en fait aux indigènes de s’en débarrasser.

Il en résulte que ces bons sont devenus la monnaie courante du pays, au point que les marchands les acceptent de préférence à toute autre monnaie, même à l’or japonais ou aux souverains. L’armée touche sa solde en billets de cette nature. On en a émis de dix, vingt et cinquante sens, de un, cinq et dix yens[1].

Malheureusement les yens sont rares et les paiements même élevés se font avec des bons de vingt ou cinquante sens. On en arrive à posséder de petites papeteries ambulantes ; le transport de ces liasses multicolores et encombrantes devient un problème tous les jours plus difficile à résoudre.

Arrivé au bout de la rue principale, je vais franchir la porte sud pour examiner la face extérieure de l’enceinte. Le factionnaire, sans le moindre aver-

  1. Le yen vaut en moyenne 2 fr. 53 c, un peu plus que le rouble ; le sen est le centième du yen.