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toutes les cités murées du nord de la Chine. L’enceinte forme un carré parfait dont les côtés sont orientés vers les points cardinaux. Au milieu de chaque face, une porte troue la muraille. Ces quatre portes donnent accès aux deux artères principales, la rue Nord-Sud et la rue Est-Ouest qui se coupent à angle droit au centre même de la ville.

À Haïtcheng, la rue Nord-Sud est la seule animée, la vie de la cité entière y est concentrée. Des deux côtés, sont rangées les boutiques par corporation ; d’abord les fourreurs, puis les restaurateurs, puis les selliers et cordonniers, enfin les marchands de thé et les pharmaciens. Les espèces de bazars où l’on vend de tout, de l’épicerie, de la mercerie et des étoffes sont éparpillés tout le long de l’avenue. Grâce à la proximité de Nioutchouang, on trouve un certain choix de marchandises européennes et japonaises : conserves, liqueurs et parfumerie. Les enseignes sont rudimentaires ; elles consistent en bouts de chiffons dont la couleur indique le métier du marchand ; par contre, les commerçants en gros, surtout les marchands de thé et d’opium, ont dressé devant leurs comptoirs des poteaux de bois sculpté et doré couverts d’ornements et d’inscriptions.

Toutes les échoppes sont encombrées d’officiers et de soldats japonais venus de fort loin pour se ravitailler. La mine réjouie des boutiquiers parle en