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sous des abris de paille tressée. Au fond de la seconde, est une salle ouverte dont le toit est soutenu par des colonnes ; à droite et à gauche, les cellules des bonzes servent de chambres à coucher aux officiers. Les noms sont inscrits sur les portes ; je vais frapper à celles de mes compatriotes et crie mon nom à travers le châssis de papier :

— Allez m’attendre sous le portique, me répond la voix du colonel Lombard, je suis à vous.

Le colonel me rejoignit aussitôt. Comme je m’excusai de l’avoir dérangé chez lui, il me répondit qu’il aurait, au contraire, été heureux de me recevoir dans sa chambre, mais les Japonais avaient donné aux attachés l’ordre aussi blessant qu’incompréhensible de ne recevoir les visiteurs que dans la salle commune, où tout le monde peut entendre leur conversation. Ce n’était pas là le seul sujet de plainte contre les trois officiers nippons adjoints aux représentants des armées étrangères.

Le voyage de la côte à Haïtcheng n’avait été qu’un long supplice. Aucune liberté n’était permise ; tout le monde partait en groupe le matin à neuf heures pour arriver, sans faire halte, vers trois heures à l’étape ; on choisissait ainsi pour la marche les heures les plus chaudes de la journée. Le résultat prévu avait été atteint : la moitié des officiers étaient tombés malades ; quant aux chevaux, il n’y en avait