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Cette note remontait au mois de juin, époque à laquelle le corps de Stackelberg se trouvait dans ces parages. Néanmoins la coïncidence est étrange. Dans ce vaste pays, il a fallu un singulier hasard pour amener deux correspondants français des partis opposés à la même maison de ce même hameau perdu loin du chemin de fer et de la grande route suivie par les armées. J’ajoute sur le papier de mon hôte un second certificat d’hospitalité et de désintéressement.

D’ailleurs tous les Chinois que nous avons rencontrés sont aimables, bons enfants et dévoués. Malheureusement, ces bons Samaritains, toujours prêts à se priver de ce qui peut nous être utile, sont les mêmes qui, il y a moins de quatre ans, « boxaient » avec conviction et coupaient en tout petits morceaux les Européens dont ils avaient pu s’emparer.

Nous nous dirigeons vers l’ouest à l’aide d’une boussole de poche pour retrouver la voie ferrée. Les chemins sont abominables. Nos chevaux s’abattent à chaque instant et il faut autant d’énergie que de patience pour leur faire franchir les nombreux torrents qui nous barrent la route. Ce steeple-chase dure toute la matinée. Enfin, à midi, nous apercevons les poteaux télégraphiques qui pointent au-dessus d’un champ de gaolian : les Dix-Mille de Xénophon n’éprouvèrent pas d’allégresse plus vive en décou-