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À gauche de ce premier local encore tout saturé de l’odeur de l’encens, s’étend une grande pièce rectangulaire où je dois passer la nuit. Deux fenêtres à châssis de papier laissent entrer largement la lumière. Immédiatement au-dessous, deux « kangs » monstrueux avancent jusqu’au milieu de la chambre. Ces instruments servent à la fois de lit et de calorifère. Ils sont aussi indispensables à une maison chinoise que le toit et les murs. Figurez-vous un carré de maçonnerie d’un mètre de haut, surmonté d’une plate-forme dont la longueur varie suivant les dimensions de la chambre. Sa largeur est de deux mètres environ ; elle est entièrement recouverte de nattes en paille de riz.

L’espace vide situé sous la plate-forme communique d’une part avec le grand fourneau de la cuisine, de l’autre, avec l’extérieur. En hiver, cette communication est laissée ouverte, de sorte que, chaque fois qu’on fait du feu dans le fourneau pour cuire les aliments ou laver le linge (car cet instrument est à plusieurs fins), la fumée se répand dans le kang qui se chauffe rapidement. L’inconvénient du système est l’impossibilité de régler la température de la plate-forme. En général, elle devient vite brûlante, de sorte que le malheureux dormeur est rôti sur une face et gelé sur l’autre. Souvent aussi des fissures se produisent dans les parois de l’appareil, et la fumée