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reçues à Louchoutoung, rien n’avait été préparé pour nous recevoir à Kintchéou. Le bureau des étapes de cette localité ignorait jusqu’à notre existence. Ce manque de prévoyance nous obligea à attendre près de deux heures qu’on eût désigné les cantonnements pour tout notre monde. Les officiers japonais, malgré leur lenteur, se montrèrent fort convenables et nous offrirent en plus du sourire réglementaire un chaudron plein de thé et quelques paquets de cigarettes.

Le logement qu’on m’a assigné se trouve à l’autre bout de la ville. Le propriétaire est un des citoyens de marque de Kintchéou ; il fait partie du Conseil du taotaï ou préfet. Un mur mandarin, qui se dresse au milieu de la cour d’une manière assez gênante pour la circulation, atteste son rang social.

C’est un bourgeois à la physionomie bienveillante et aux formes épaisses. Son ventre ne le cède en rien comme dimension à celui du bouddha doré, patron de la demeure. Je suis reçu à l’entrée de la cour par mon hôte entouré de ses trois fils. Malgré les ennuis que mon invasion forcée doit lui causer, il me souhaite la bienvenue en japonais et me précède à l’intérieur de la maison.

D’abord, un petit vestibule carré, occupé tout entier par l’autel en bois sur lequel trône, entre deux cierges de papier roulé, le bouddha déjà nommé.