Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soit, modifier la marche des opérations. Dans la Mandchourie centrale, au contraire, toutes les forces des deux empires sont concentrées à l’heure actuelle ; elles s’observent, se tâtent en attendant les renforts et le matériel qui doivent compléter leur organisation ; là se livreront les grandes batailles, là se décidera le sort de la campagne.

La mauvaise humeur de mes compagnons, augmentée encore par l’écho lointain des détonations apportées par le vent du sud, n’était pas encore calmée, lorsque l’ancre de l’Heïjo-Marou, touchant le fond, envoyait un tourbillon de boue jaune à la surface des eaux. Une chaloupe accostait rapidement le vapeur, les correspondants s’y entassent et dix minutes plus tard mettent le pied sur la terre si longtemps promise de Mandchourie.

Un officier du service des étapes nous conduit jusqu’à l’ancien hôpital russe qui doit nous servir de gîte pour cette nuit-là.

Les laboratoires et les salles de pansement que notre contingent se partage, sont des hangars blanchis à la chaux ; ils n’offrent rien de remarquable, sinon les énormes poêles encastrés dans les cloisons de manière à chauffer deux chambres à la fois, et dont les gros ventres noirs empiètent désagréablement sur les locaux exigus.

Nos bagages jetés au hasard dans les coins, il faut