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Louchoutoung, 31 juillet.

Nous ignorons toujours où nous allons. Diverses éventualités se présentent. Nous débarquera-t-on à Dalny pour nous envoyer à Port-Arthur ou à Louchoutoung, d’où nous nous dirigerons vers le nord, du côté de Tachichiao ? Nous apprenons l’occupation de cette ville par la deuxième armée japonaise en montant à bord. Enfin, il n’est pas impossible que nous prenions terre à Takouchan et suivions le même chemin que la dixième division pour gagner par Siouyen les cantonnements de la quatrième armée. Les Anglo-Saxons étant en majorité, de nombreux paris s’engagent. Port-Arthur est à égalité, la deuxième armée à quatre contre un, la quatrième armée à dix contre un. On lève l’ancre. La rupture de toute communication avec la terre nous rend absolument inoffensifs ; aussi croyons-nous sans danger pour le sort du Japon pouvoir questionner le capitaine, mais nous nous heurtons à un ouakarimasen (je ne sais pas) accompagné du sempiternel sourire stéréotypé sur la face jaune qui depuis une demi-année est la seule réponse à toutes les interrogations. Il faut en prendre son parti et une fois de plus attendre. Du moins faisons-nous de notre mieux pour passer le mieux