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remettre de mes fatigues ; mais je trouvai cet établissement accaparé entièrement par les attachés militaires qui nous précédaient de vingt-quatre heures. Je fus obligé de me rabattre sur l’auberge indigène la plus voisine, malgré mon antipathie déjà ancienne pour ces institutions rudimentaires totalement dépourvues d’eau et d’ameublement. Sauf un vilain kakemono pendu au mur, il n’y avait dans la chambre que j’habitais que les matelas nattés qui recouvrent le plancher et imposent au voyageur l’énervante obligation de se déchausser chaque fois qu’il veut entrer chez lui.

Du moins, à l’heure des repas, on trouvait place à l’hôtel aux tables voisines de celles que s’étaient réservées les officiers étrangers. Parmi les seize représentants des armées occidentales, il y a deux de nos compatriotes, le colonel Lombard, venu de Tientsin, où il commandait un régiment d’infanterie coloniale, et le capitaine Bertin, qui a interrompu son stage à l’École de guerre pour suivre les opérations en Extrême-Orient. Le lendemain, j’accompagne jusqu’à la jetée les militaires fortunés qui, un jour avant nous, peuvent secouer de leurs chaussures la poussière japonaise.

La jolie chaloupe blanche qui les emporte vers l’Iki-Marou s’est à peine détachée de la rive que l’hôtel s’emplit à nouveau.