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j’avais acheté au commencement de mon séjour. J’allai voir à ce sujet le nouveau sous-chef d’état-major au quartier général. Je trouvai, dans la personne du général Mourata, un de mes grands anciens de Saint-Cyr qui fit tout son possible pour m’aider et me donna de précieux conseils. Il m’assura que je trouverais facilement à me remonter en Mandchourie.

Heureusement le correspondant de guerre a peu de besoins et sait se contenter du plus modeste bagage. Je montai dans le train qui devait m’emporter vers le sud avec un rouleau de couvertures, deux paniers d’osier et un jeune Japonais, destiné à me servir de boy, que j’avais récolté au hasard, presque sur le marchepied du wagon.

En temps ordinaire, on met trente heures de Tokio à Chimonocéki (la ville située en face de notre port d’embarquement), mais, les transports de troupes et les inondations aidant, il ne m’en fallut pas moins de cinquante-trois pour atteindre la pointe méridionale de l’île de Hondo.

Ce trajet agrémenté d’une chaleur torride le jour, et de légions de moustiques la nuit, dans des compartiments primitifs et étroits, ne présageait rien de bon pour l’avenir de la campagne. À Chimonocéki, je comptais sur les lits moelleux du Sanyo Hotel, la seule maison européenne de la ville, pour me