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Nagasaki, 12 juillet.

À Modji, j’eus à supporter toutes sortes de vexations. Filé sans relâche par la police, je fus poursuivi par un agent jusque dans le train qui m’emportait vers Nagasaki. Pendant le trajet, cet individu pénétra dans mon compartiment, sortit un calepin de sa poche et se mit en devoir de m’interroger sur mon état civil. Je me refusai énergiquement à satisfaire sa curiosité ; sur quoi il me signifia qu’il me ferait arrêter à Nagasaki. Je lui répondis que j’étais sujet français et que, d’après les traités signés entre la France et le Japon, j’avais le droit de voyager dans tout le pays au même titre que les indigènes. Puisqu’il ne demandait rien aux autres voyageurs, il n’avait aucun droit de faire une exception pour moi. Cette réponse calma l’ardeur de l’argousin et je ne fus plus molesté jusqu’à mon arrivée.

Mais la police japonaise est rancunière. J’avais complètement oublié ma discussion de la veille lorsqu’un agent en uniforme se présenta au bureau de l’hôtel et demanda à me parler. Il m’annonça que j’allais être poursuivi pour avoir photographié les fortifications de Nagasaki. « Un de nos espions (textuel), ajouta-t-il, vous a vu hier, un appareil à la