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le bateau. Commandements et coups de sifflets appellent les hommes à leurs postes. Malgré l’épais brouillard on part à toute vapeur ; les lumières sont éteintes, et nous voilà forcés de retrouver nos couchettes à tâtons.

On n’a pas daigné nous donner d’explications au sujet de cette fuite étrange, mais le matin nous nous sommes trouvés arrêtés de nouveau en face des misérables îles de Haïdjou. On nous apprend alors que l’officier de quart avait cru apercevoir la lueur d’un coup de canon ; de là il conclut qu’une flotte russe nous attaquait.

Cette comédie et, plus encore, la satisfaction évidente que notre nouveau retard inspirait aux officiers du bord démontraient que la capitulation de Port-Arthur se faisait attendre trop longtemps au gré de nos guides, et qu’on ne nous conduirait certainement pas à proximité du théâtre des combats éventuels. Notre croisière s’achèverait comme elle avait commencé, par des réceptions et des banquets. Un de nos collègues s’est amusé à établir le relevé statistique suivant :

Distance parcourue : 1345 milles.

Nombre de journées de voyage : 21.

Journées employées à des promenades ou des visites : 6.

Journées d’inaction : 15.