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s’approchait pour les déchiffrer. On avait établi une censure ridicule qui alla jusqu’à nous empêcher de mentionner dans notre correspondance le temps qu’il faisait.

Une altercation se produisit même entre le capitaine de frégate japonais et un officier anglais. Celui-ci, gêné par les ronflements d’un compagnon de cabine, était allé se reposer au « salon des dames » resté inoccupé. Le lendemain, il fut admonesté en termes très vifs ; il répondit qu’il ne savait pas que l’accès de cette pièce fût défendu.

— C’est pourtant le salon des dames, dit le Japonais ; vous savez bien que sur les bateaux d’aucune nationalité les hommes ne sont autorisés à y pénétrer.

— Mais il n’y a pas une seule femme à bord.

— Je vous répète que c’est interdit ; et j’ajouterai que dans cette circonstance vous ne vous êtes pas conduit en gentleman.

— Permettez, répondit l’Anglais, je suis officier dans l’armée de Sa Majesté Britannique et ancien aide de camp du prince de Galles. Je connais les convenances, et ne souffrirai de leçon de personne même pas d’un petit Japonais mal élevé comme vous.

Le soir de cette conversation, quelques minutes après le dîner, un grand bruit retentit à travers