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la compléter. Dix mille ouvriers sont employés à la construction d’une énorme cale sèche de cent soixante et onze mètres, plus longue de vingt et un mètres que celle de Kouré.

C’est d’ici qu’on ravitaille l’escadre de l’amiral Togo non seulement en charbon, mais encore en munitions, en vivres et en effets. Sans compter les charbonniers et le paquebot-poste, trois ou quatre transports partent chaque jour à destination du certain point où se tiennent les flottes combinées.

L’alimentation des dix-huit mille matelots qui en composent les équipages est l’objet d’un soin tout particulier. Voici leur menu : le matin, thé et pain frais ; à midi, riz et poisson ; le soir, viande de conserve, riz et pain. Un des affrétés quitte le port avec neuf mille pains d’une livre représentant chacun deux rations. Les boulangeries de la marine suffisent à ce service ; l’État, en procédant lui-même à la fabrication, réalise une sérieuse économie, car le pain lui revient à trois sens et demi ; il en coûterait six, si l’on s’adressait à l’industrie privée.

Les conserves n’ont pas été adoptées sans difficulté par les marins. Déshabitués de la viande par des siècles de superstitions bouddhiques, les Japonais ont une aversion prononcée pour toute autre chair que celle du poisson. Les efforts des officiers ont pourtant fini par triompher, et le premier résultat