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quettes anglaises dans les entrepôts de Sassebo. On n’estime pas à moins de cent mille tonnes la réserve de combustible qui s’y trouve accumulée aujourd’hui. Tout est imprégné de charbon ; il est en suspension dans l’air, les rues de la ville et même les eaux de la rade sont recouvertes d’une fine poussière noire qui salit tout. C’est à regretter Londres !

À ces désagréments matériels sont venus s’ajouter, pendant tout notre séjour, les tortures morales de l’incertitude. L’un après l’autre, tous les officiers du bord sont venus nous raconter que des coups de canon avaient été entendus au large, et qu’une grande bataille se livrait à quelques milles de nous. On comprend aisément que ces nouvelles, malgré leur invraisemblance, aient distrait notre attention et diminué dans une certaine mesure l’intérêt très réel de notre visite.

Je ne vous énumérerai pas les interminables magasins qu’ont traversés pendant six heures d’horloge les hôtes de l’amiral Sabechima. Sassebo est un diminutif de Kouré, mais tend à devenir un point d’appui plus important encore. Sa situation géographique lui assure une position offensive bien plus puissante que celle du port lointain de la Mer Intérieure. Ses défenses sont très suffisantes ; seul l’outillage n’est pas encore à la hauteur de tous les besoins d’une flotte moderne. On travaille en ce moment à