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menus cadeaux et du tabac, et les officiers russes ont prélevé quelques dollars sur leurs modestes ressources pour reconnaître les soins dévoués de cette institution admirable. La plus grande privation est le manque absolu d’informations ; depuis qu’ils sont arrivés au Japon, les prisonniers n’ont reçu aucun renseignement sur les péripéties de la guerre. On s’est borné à leur faire sur une mauvaise carte une conférence sur la bataille de Nanchan. Je vous laisse à penser avec quelle joie ils ont accueilli la nouvelle du raid victorieux de l’amiral Skrydloff, que nous avons eu la satisfaction de leur apprendre.

Après l’hôpital, on devait parcourir les trois autres édifices où les Russes sont internés, mais le courage m’a manqué et je suis rentré directement à Dogo. La plupart des autres passagers ont achevé la tournée et le soir m’en ont fait le récit. Il n’y a eu d’autre incident que les vives protestations des trois officiers de l’Ékatérinoslav, vaisseau de la flotte volontaire, pris dans les premiers jours le la guerre. Ils refusent de reconnaître leur situation, déclarant qu’ils sont retraités et ne doivent, par conséquent, pas être considérés comme combattants. On a beau leur expliquer que leur navire était destiné à recevoir des canons et à être utilisé, sous leur commandement, comme croiseur auxiliaire, ils ne veulent rien entendre et assiègent de leurs réclamations quotidiennes