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accompagne ; le brave homme peut à peine se dérober aux témoignages de gratitude.

Il y a six officiers encore en traitement. L’un d’eux, M. von W…, parle parfaitement le français. Par une coïncidence bizarre, il se trouve être le beau-frère d’un ancien secrétaire à la légation russe de Tokio. Il est aujourd’hui complètement rétabli, malgré la balle qui lui traversa la poitrine de part en part près de Feng-Houang-Tcheng, il n’y a guère plus d’un mois. Seul, il avait pu quitter la houppelande blanche des malades et reprendre son uniforme de lieutenant de cosaques. Il a vainement demandé à se rendre à Tokio et à y résider sur parole. Les autorités lui ont répondu qu’aucune permission de ce genre ne serait accordée. La situation, disent-ils, est différente au Japon de ce qu’elle pourrait être ailleurs. Il y a fort peu d’étrangers dans le pays, et la différence de taille et d’apparence ferait bien vite reconnaître les prisonniers.

On veut leur éviter les inconvénients d’une curiosité qui serait certainement désagréable et peut-être dangereuse. Au demeurant, M. W… déclare qu’il n’a rien à reprocher à personne ; on permet à ses camarades valides — ils sont dix-sept — de venir le voir. On se fait ainsi périodiquement des visites d’un quartier à un autre, et souvent on peut aller se baigner à Dogo. La Croix-Rouge japonaise envoie de