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n’est guère applicable qu’à certains livres de vers, pas ses meilleurs, comme les premiers et récemment le Forgeron ; c’est visible, mais parodiquement, dans les étonnantes Odes Funambulesques, surtout les Occidentales, un chef-d’œuvre de farce phraséologique et de sonorités ; dans son théâtre on percevait des analogies, mais ce théâtre contient tellement la note particulière de la cérébralité de M. de Banville, qu’il me faut admettre que si, dans la Forêt mouillée, on trouve des ressemblances avec Riquet, c’est que c’est du Banville qu’on trouve dans les volumes ultimes d’Hugo, comme on y voit parfois du Leconte de Lisle.

En prose, M. de Banville apporte à son écriture ce caractère qu’on dénommait au xviiie siècle inimitable ; c’est-à-dire que la série des idées de détail qui composent la façon d’écrire de M. de Banville met en harmonie l’idée générale développée dans les brefs contes auxquels il se complaît d’une façon complète, adéquate et toujours originale.

Cette écriture en prose de M. de Banville est quasi immatérielle ; c’est comme une poussière de pensées, de décors, d’encadrements micaçant les parois d’une cassette bien ouvragée ; le contenu de la cassette (c’est l’idée première) est parfois un peu balzacienne, mais toujours douée de cette atmosphère particulière, heureuse et sereine qui est le propre de M. de Banville nouvelliste. Les Belles Poupées, son dernier recueil, ont toutes les qualités des Contes féeriques, et en relisant ces histoires qui se suspendent au fil ténu de la fabrication de petites Olympias, en un Paris vieillot, par un Coppelius débonnaire, on a la sensation d’un